L'alimentation de l'enfant : de la conception à l'adolescence.
L’éducation alimentaire commence dès le plus jeune âge, afin de favoriser une bonne croissance, l’acquisition d’une bonne santé et son maintien tout au long de la vie.
En effet, cette éducation commence dès la grossesse et pendant l’allaitement, s’intensifie au moment où l’alimentation de votre enfant passe du lait à l’introduction de nouveaux aliments. Elle se poursuit tout au long de la croissance, jusqu’à l’âge adulte. L’éducation alimentaire, si elle se fait de manière cohérente, permet de lutter contre les néophobies alimentaires et donc de favoriser chez votre enfant une alimentation variée et équilibrée sur le long terme.
In utero : pendant la grossesse
A partir de la 11ème semaine de grossesse, le système olfactif du fœtus commence à se développer. A partir du 3ème trimestre, ce système olfactif devient fonctionnel et se connecte au centre de la mémoire. En effet, le fœtus, au contact du liquide amniotique, découvre la présence de molécules aromatiques ingérées par la maman. Cette découverte donne lieu à des préférences alimentaires qui seront alors exprimées après la naissance. Ainsi une alimentation variée pendant la grossesse stimule la curiosité et la mémorisation alimentaire de l’enfant à naitre.
L’allaitement
A la naissance, le nouveau-né se sert de son odorat pour trouver le sein de sa mère. C’est un mécanisme de survie. L’allaitement va permettre le développement de l’odorat et de la gustation de bébé. En effet, le goût du lait maternel va se modifier en fonction de l’alimentation de la maman. Ces découvertes de nouveaux goûts vont s’inscrire dans le centre de la mémoire de l’enfant. C’est ainsi que le cerveau de l’enfant en bas âge va se construire une bibliothèque gustative et olfactive qui influencera l’introduction de nouveaux aliments lors de la diversification alimentaire.
Diversification alimentaire : de 6 mois à 1 an
La diversification alimentaire est une phase critique chez l’enfant. C’est la découverte de nouveaux aliments, de nouvelles textures, saveurs et couleurs. C’est pour l’enfant une explosion sensorielle.
Plus la diversification est variée, plus la curiosité alimentaire de l’enfant sera stimulée en grandissant. Cette étape doit être faite de manière progressive (légumes en soupe, fruits cuits mixés, puis viande mixée et produits laitiers…) et débute vers 6 mois selon l’enfant. Il est préférable de commencer cette diversification lorsque l’enfant se tient assis et d’introduire un aliment à la fois afin que l’enfant puisse apprécier le goût réel de cet aliment. La progression de la diversification des textures suivra l’évolution de la dentition de l’enfant.
Entre 2 et 6 ans : les rejets alimentaires
Les néophobies alimentaires et les rejets alimentaires sont fréquents! C’est un mécanisme de protection hérité de l’évolution, afin d’éviter l’ingestion de produits toxiques.Plus l’enfant maîtrise les associations alimentaires et les codes des repas, moins il est susceptible de développer des rejets alimentaires.
Il est donc parfois nécessaire de présenter l’aliment à l’enfant jusqu’à 20 fois, espacé dans le temps. Faire participer l’enfant à la confection des repas peut être une bonne solution pour lui faire découvrir les aliments bruts, leur odeur, leur aspect, tout en favorisant chez l’enfant la curiosité et les connaissances.
En règle générale, les rejets alimentaires disparaissent entre 7 et 10 ans, cependant ils peuvent aussi perdurer.
L’adolescence, une période critique pour l’indépendance alimentaire
A l’adolescence l’enfant va chercher à développer son indépendance et ça sur tous les points de sa vie, notamment l’alimentation. Repas avec les copains à base de pizza ou de Fast Food, découverte de l’alcool et des biscuits apéritifs, grignotage de produits sucrés entre les cours ou encore développement d’anorexie ou de boulimie afin que le corps ressemble à ce qu’il voit dans les magazines. L’éducation alimentaire peut alors continuer en fournissant des explications sur les impacts de l’alimentation sur la santé, en partageant des repas gourmands et équilibrés ou encore en cuisinant ensemble.
En conclusion, l’éducation alimentaire est un travail de longue haleine pour les parents, et de grosses découvertes gustatives, olfactives et sensorielles pour l’enfant. Apprendre à s’alimenter est comme apprendre à lire ou à écrire. C’est un apprentissage qui demande un entraînement cognitif. Il ne faut pas hésiter à jouer sur les formes et les façons de cuisiner, sans pour autant camoufler l’aliment. C’est donc un travail de collaboration, de communication, d’échanges et de partage pour lequel il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par un professionnel si on éprouve des difficultés.
Lucile Chiocchia, septembre 2021
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N° ADELI : 699510327
Lucile CHIOCCHIA Diététicienne Nutritionniste